Nathalie Callenaere
Numérique

L'histoire de l'informatique : comment les machines ont changé le monde

Retracez l'évolution de l'informatique à travers les âges : les prémices du calcul, l'ère des calculateurs électromécaniques et électroniques, l'avènement de l'informatique moderne, la révolution de l'ordinateur personnel, l'ère d'Internet et du Web, et l'ère du numérique mobile et du cloud computing.

I. Les prémices du calcul (avant le XXe siècle)

Cette période cruciale pose les fondations des concepts et des outils qui mèneront à l'informatique moderne. Elle est marquée par l'ingéniosité humaine face au besoin de calculer et d'automatiser les calculs.

Les premières machines à calculer

Le boulier

Jackydarn , CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons
Musée école du Monastier-sur-Gazeille Leçon sur l'utilisation du boulier

boulier

Bien plus qu'un simple jouet, le boulier est l'un des plus anciens instruments de calcul connus. Son origine remonte à l'Antiquité, avec des traces en Mésopotamie, en Chine et en Égypte. Il se compose de rangées de perles enfilées sur des tiges ou des fils, chaque rangée représentant une puissance de dix (unités, dizaines, centaines, etc.). L'utilisateur effectue des calculs en manipulant les perles selon des règles précises. Le boulier est un exemple concret de système de numération positionnelle, où la valeur d'un chiffre dépend de sa position. Il reste encore utilisé aujourd'hui dans certaines régions du monde.

La Pascaline

Carlo Nardone de Rome, Italie , CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons
Musée de l'informatique : Pascaline (1642 (original) ; 1981 environ (réplique)
pascaline

Inventée par Blaise Pascal au XVIIe siècle (vers 1642), la Pascaline est considérée comme l'une des premières machines à calculer mécaniques. Pascal, alors âgé d'une vingtaine d'années, cherchait à aider son père, collecteur d'impôts, dans ses tâches fastidieuses. La machine, constituée de roues dentées, permettait d'effectuer des additions et des soustractions par un système d'engrenages et de report de retenue automatique. Chaque roue représentait une position décimale. Bien que coûteuse à produire et sujette à des pannes, la Pascaline a marqué une avancée importante dans l'automatisation du calcul.

La machine de Leibniz

Kolossos, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons
La Staffelwalze, ou Calculatrice à échelons
machine analytique babbage

Gottfried Wilhelm Leibniz, mathématicien et philosophe allemand, perfectionna le concept de Pascal en inventant, à la fin du XVIIe siècle (vers 1673), une machine capable non seulement d'additionner et de soustraire, mais aussi de multiplier et de diviser. Sa machine, appelée « Stepped Reckoner » ou « calculateur à gradins », utilisait un cylindre cannelé (le « gradin de Leibniz ») pour effectuer les multiplications par additions répétées. Bien que plus complexe que la Pascaline, la machine de Leibniz était une étape cruciale vers la création de machines à calculer plus polyvalentes.

Charles Babbage et la machine analytique

Daderot, CC0, via Wikimedia Commons
Exposition au Science Museum, Londres, Royaume-Uni.
Machine analytique

➔ Charles Babbage, mathématicien anglais du XIXe siècle, est considéré comme le père de l'ordinateur. Il conçut deux machines révolutionnaires : la machine différentielle et la machine analytique. La machine différentielle, dont la construction fut entamée mais jamais achevée, était destinée à calculer des tables mathématiques par la méthode des différences finies. Mais c'est la machine analytique qui est la plus importante. Conçue dans les années 1830, elle était bien plus ambitieuse : une machine programmable capable d'effectuer n'importe quel type de calcul.

➔ La machine analytique devait fonctionner grâce à des cartes perforées (inspirées des métiers à tisser Jacquard, qui utilisaient des cartes perforées pour automatiser le tissage de motifs complexes), qui contiendraient les instructions (le « programme ») et les données. Elle comprenait également un « magasin » (l'équivalent de la mémoire) pour stocker les nombres et un « moulin » (l'unité de calcul) pour effectuer les opérations arithmétiques. Babbage avait ainsi anticipé les concepts fondamentaux de l'ordinateur moderne : l'entrée des données et des instructions, le traitement de l'information et le stockage des résultats. Malheureusement, les limitations technologiques de l'époque ont empêché la construction complète de la machine analytique.

Ada Lovelace et le premier programme informatique

➔ Augusta Ada King, comtesse de Lovelace, fille de Lord Byron, est une figure clé de l'histoire de l'informatique. En 1843, elle traduisit un article italien sur la machine analytique de Babbage et y ajouta des notes considérables, qui dépassaient largement le cadre de la simple traduction. Dans ses notes, Ada Lovelace décrivit un algorithme pour calculer les nombres de Bernoulli, ce qui est considéré comme le premier programme informatique de l'histoire.

➔ Plus important encore, Ada Lovelace a compris le potentiel de la machine analytique au-delà des simples calculs numériques. Elle a entrevu la possibilité d'utiliser la machine pour manipuler des symboles et des idées, ouvrant la voie à des applications bien plus vastes que le simple calcul. Elle a ainsi anticipé le concept de l'ordinateur comme machine universelle de traitement de l'information.
Cette première phase, bien qu'antérieure à l'électronique, a jeté les bases conceptuelles de l'informatique. Des instruments de calcul rudimentaires aux machines mécaniques complexes, elle témoigne d'une quête constante pour automatiser le calcul et traiter l'information, ouvrant la voie aux développements spectaculaires du XXe siècle.

Cette première phase, bien qu'antérieure à l'électronique, a jeté les bases conceptuelles de l'informatique. Des instruments de calcul rudimentaires aux machines mécaniques complexes, elle témoigne d'une quête constante pour automatiser le calcul et traiter l'information, ouvrant la voie aux développements spectaculaires du XXe siècle.

II. L'ère des calculateurs électromécaniques et électroniques (années 1930-1950)

Cette période marque une transition cruciale entre les machines mécaniques et les ordinateurs modernes. L'électronique et l'électromécanique permettent d'atteindre des vitesses de calcul et une complexité sans précédent, ouvrant la voie à l'informatique telle que nous la connaissons.

Les machines de Turing et le concept d'ordinateur universel


➔ Alan Turing, mathématicien britannique, a posé les fondations théoriques de l'informatique moderne avec son concept de « machine de Turing » en 1936. Il ne s'agissait pas d'une machine physique à proprement parler, mais d'un modèle théorique : une machine abstraite capable d'exécuter n'importe quel algorithme, c'est-à-dire une suite finie d'instructions logiques.

➔ La machine de Turing est composée d'un ruban infini divisé en cellules, d'une tête de lecture/écriture qui se déplace le long du ruban, et d'un ensemble d'états internes. La tête peut lire le contenu d'une cellule, écrire un nouveau symbole, et se déplacer d'une cellule à gauche ou à droite, en fonction d'une table de règles prédéfinies.

➔ Le concept clé est celui de « machine de Turing universelle » : une machine de Turing capable de simuler n'importe quelle autre machine de Turing. Cela signifie qu'une telle machine pourrait exécuter n'importe quel algorithme, pourvu qu'il soit codé de manière appropriée sur le ruban. Ce concept a posé les bases de l'ordinateur universel, une machine programmable capable d'effectuer une grande variété de tâches. Bien que théorique, la machine de Turing a eu une influence profonde sur le développement des premiers ordinateurs et continue d'être un concept fondamental en informatique théorique.

Le Colossus et le décryptage pendant la Seconde Guerre mondiale

➔ Durant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés étaient confrontés au défi de décrypter les messages allemands chiffrés par la machine Lorenz SZ 40/42, utilisée par le haut commandement allemand. À Bletchley Park, en Angleterre, une équipe de cryptanalystes dirigée par Alan Turing et Max Newman a développé le Colossus, l'un des premiers ordinateurs électroniques programmables.

➔ Le Colossus, mis en service en 1943, utilisait des tubes à vide pour effectuer des calculs à grande vitesse, permettant de comparer des séquences de caractères chiffrés et de trouver les paramètres de la machine Lorenz. Son rôle dans le décryptage des messages allemands a été crucial pour le déroulement de la guerre, en fournissant des renseignements précieux aux Alliés et en contribuant à abréger le conflit. Le Colossus est resté secret pendant de nombreuses années après la guerre, ce qui a limité sa reconnaissance publique en tant que pionnier de l'informatique.

L'ENIAC et les premiers ordinateurs électroniques

➔ L'ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer), construit aux États-Unis entre 1943 et 1945, est souvent considéré comme le premier ordinateur électronique à usage général. Conçu par John Mauchly et J. Presper Eckert, il était destiné à calculer des tables de tir pour l'armée américaine.

➔ L'ENIAC était une machine massive, occupant une surface d'environ 167 m², pesant 30 tonnes et consommant une grande quantité d'énergie. Il utilisait environ 18 000 tubes à vide, ce qui le rendait sujet à des pannes fréquentes. Sa programmation était complexe et nécessitait le re-câblage manuel de la machine.

➔ Malgré ses limitations, l'ENIAC était beaucoup plus rapide que les calculateurs mécaniques et électromécaniques précédents, ouvrant la voie à des applications informatiques plus complexes. Il a marqué une étape importante dans le passage de l'électromécanique à l'électronique dans le domaine du calcul.

Cette période a vu l'émergence de concepts fondamentaux tels que l'ordinateur universel et a démontré la puissance du calcul électronique pour résoudre des problèmes complexes, notamment pendant la guerre. Ces avancées ont jeté les bases de l'informatique moderne et ont ouvert la voie aux développements des décennies suivantes.

III. L'avènement de l'informatique moderne (années 1960-1970)

Cette décennie marque une rupture majeure dans l'histoire de l'informatique, avec des innovations qui vont transformer radicalement la taille, la puissance et l'accessibilité des ordinateurs. C'est l'ère de la miniaturisation, de la standardisation et des premiers réseaux.

Le développement des transistors et des circuits intégrés :

Le transistor

Inventé en 1947 aux Laboratoires Bell par John Bardeen, Walter Brattain et William Shockley (qui reçurent le prix Nobel de physique en 1956), le transistor est un composant électronique qui remplace les tubes à vide. Beaucoup plus petit, plus fiable, consommant moins d'énergie et générant moins de chaleur, le transistor a permis une miniaturisation considérable des circuits électroniques et une augmentation significative de la vitesse de traitement de l'information. Son introduction massive dans les années 1950 et 1960 a marqué le début de la « deuxième génération » d'ordinateurs, beaucoup plus performants que leurs prédécesseurs à tubes à vide.

Le circuit intégré (ou puce électronique)

Cole L, Flickr
Pilote LCD direct/duplex avec une interface de bus I²C intégrée fabriquée par NXP Semiconductors, Flickr
circuit intégré

Inventé indépendamment par Jack Kilby chez Texas Instruments et Robert Noyce chez Fairchild Semiconductor en 1958-1959, le circuit intégré (CI), également appelé puce ou microcircuit, représente une avancée encore plus importante. Il permet d'intégrer un grand nombre de transistors (et d'autres composants électroniques) sur un seul et même support, généralement une petite plaque de silicium. Cette innovation a permis une miniaturisation encore plus poussée, une réduction des coûts de production et une augmentation de la fiabilité et de la performance des ordinateurs. L'introduction des circuits intégrés a marqué le début de la « troisième génération » d'ordinateurs et a ouvert la voie à la micro-électronique et à l'informatique personnelle. La loi de Moore, formulée par Gordon Moore (co-fondateur d'Intel), prévoit que le nombre de transistors pouvant être intégrés sur une puce double environ tous les deux ans, une prédiction qui s'est avérée remarquablement précise pendant plusieurs décennies et qui a contribué à l'essor fulgurant de l'informatique.

L'apparition des mini-ordinateurs et des mainframes :

Les mainframes

Photographing Travis, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
Computer History Museum, Mountain View, California
Mainframe

Dans les années 1960 et 1970, les mainframes étaient les ordinateurs les plus puissants et les plus coûteux. Ils étaient utilisés par les grandes entreprises, les institutions gouvernementales et les universités pour traiter de grandes quantités de données et exécuter des applications complexes. IBM, avec sa série System/360, a dominé le marché des mainframes, établissant des standards qui ont influencé l'industrie informatique pendant de nombreuses années. Les mainframes étaient caractérisés par leur grande taille, leur puissance de calcul élevée, leur capacité à gérer un grand nombre d'utilisateurs simultanément (grâce au temps partagé) et leur fiabilité.

Les mini-ordinateurs

L'avènement des circuits intégrés a permis la création de mini-ordinateurs, des machines plus petites, moins chères et plus accessibles que les mainframes. Digital Equipment Corporation (DEC), avec son PDP-11, a été un acteur majeur sur le marché des mini-ordinateurs. Ces machines ont ouvert l'accès à l'informatique à un public plus large, notamment les petites et moyennes entreprises, les laboratoires de recherche et les départements universitaires. Les mini-ordinateurs ont également joué un rôle important dans le développement des systèmes d'exploitation interactifs et des langages de programmation de haut niveau.

La naissance d'Internet (ARPANET) :

Andrew "FastLizard4" Adams, Flickr
Premier message envoyé sur internet
Premier message internet

➔ ARPANET (Advanced Research Projects Agency Network) est considéré comme l'ancêtre d'Internet. Lancé en 1969 par l'ARPA (Advanced Research Projects Agency) du ministère de la Défense des États-Unis, ARPANET était un réseau expérimental d'ordinateurs destiné à permettre la communication et le partage de ressources entre les chercheurs universitaires et les laboratoires de recherche.

➔ ARPANET a introduit des concepts clés qui sont toujours au cœur d'Internet aujourd'hui, notamment la commutation de paquets (qui consiste à diviser les données en petits paquets pour les transmettre sur le réseau) et le protocole TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol), qui définit les règles de communication entre les ordinateurs sur le réseau. Le protocole TCP/IP, développé dans les années 1970, a permis l'interconnexion de réseaux hétérogènes, ouvrant la voie à la création d'un réseau mondial : Internet.

Cette période a donc été marquée par des avancées technologiques majeures qui ont permis la miniaturisation des ordinateurs, leur démocratisation et la naissance des réseaux informatiques, jetant les bases du monde numérique que nous connaissons aujourd'hui.

IV. La révolution de l'ordinateur personnel (années 1980)

Les années 1980 ont vu l'ordinateur quitter les laboratoires et les grandes entreprises pour investir les foyers et les bureaux. Cette décennie marque l'avènement de l'ordinateur personnel (PC), une machine abordable, conviviale et polyvalente, qui va transformer en profondeur la société.

L'arrivée des micro-ordinateurs (Apple II, IBM PC) :

L'Apple II

Lancé en 1977, l'Apple II est souvent considéré comme l'un des premiers ordinateurs personnels à succès commercial. Conçu par Steve Wozniak et Steve Jobs, il était convivial, relativement abordable et doté d'une interface utilisateur simple. Son succès a été renforcé par la sortie de tableurs comme VisiCalc, qui ont ouvert de nouvelles perspectives d'utilisation pour les entreprises et les particuliers. L'Apple II a popularisé l'idée de l'ordinateur comme outil personnel et a contribué à créer un marché de masse pour les micro-ordinateurs.

L'IBM PC

Pirojkebab, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Un IBM PC 300GL 6282-74U de 1997 avec un moniteur CRT IBM G42 6540-00N 14" exécutant un test de démarrage du système ou POST
IBM PC

En 1981, IBM, géant de l'informatique professionnelle, entre sur le marché des ordinateurs personnels avec l'IBM PC (Personal Computer). Cette machine, basée sur un microprocesseur Intel 8088, a rapidement rencontré un immense succès, en partie grâce à sa conception ouverte qui a permis à d'autres fabricants de cloner le PC et de créer un marché de compatibles PC. L'IBM PC a standardisé l'architecture des ordinateurs personnels et a contribué à l'essor d'une industrie du logiciel et du matériel compatible. Son adoption massive dans les entreprises a également contribué à la démocratisation de l'informatique.

D'autres acteurs ont aussi marqué cette époque, tels que Commodore avec le Commodore 64 (un des ordinateurs les plus vendus de tous les temps), Atari avec l'Atari ST, ou encore Sinclair avec le ZX Spectrum, mais l'Apple II et l'IBM PC ont eu un impact majeur sur l'industrie.

Le développement des interfaces graphiques et de la souris :

Les interfaces graphiques (GUI)

Original téléversé par Sikon sur Wikipédia anglais., GPL, via Wikimedia Commons
Une application Qt utilisant les skins Plastik, Keramik et Windows.
interface graphique

Jusqu'au début des années 1980, la plupart des ordinateurs utilisaient des interfaces en mode texte (ou en ligne de commande), où l'utilisateur interagissait avec la machine en tapant des commandes textuelles. L'introduction des interfaces graphiques (GUI), inspirées des travaux de Xerox PARC, a révolutionné l'interaction homme-machine. Les GUI utilisent des éléments graphiques tels que des icônes, des fenêtres et des menus, rendant l'utilisation de l'ordinateur beaucoup plus intuitive et conviviale. Apple, avec le Macintosh lancé en 1984, a été un pionnier dans la popularisation des GUI auprès du grand public. Microsoft a ensuite suivi avec Windows, qui a permis d'apporter les interfaces graphiques sur les compatibles PC.

La souris

ISR International, via Wikimedia Commons
Premier prototype de souris d'ordinateur de SRI
Premier prototype de souris d'ordinateur de SRI

Inventée par Douglas Engelbart dans les années 1960, la souris est un périphérique de pointage qui permet de contrôler le curseur à l'écran et d'interagir avec les éléments graphiques des GUI. Son utilisation, combinée aux interfaces graphiques, a considérablement simplifié l'utilisation des ordinateurs et a contribué à leur démocratisation.

L'essor des logiciels et des jeux vidéo :

Les logiciels

L'essor des ordinateurs personnels a entraîné le développement d'une industrie du logiciel florissante. Des logiciels de traitement de texte (WordStar, WordPerfect), des tableurs (VisiCalc, Lotus 1-2-3), des bases de données (dBase) et des logiciels de dessin ont vu le jour, offrant de nouvelles possibilités d'utilisation pour les particuliers et les professionnels. Ces logiciels ont contribué à rendre les ordinateurs personnels indispensables dans de nombreux domaines.

Les jeux vidéo

Cezary Tomczak, Maxime Lorant, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
Exemple d'un jeu Tetris, à partir de la version JsTetris
jeu tetris

Les années 1980 ont également été marquées par l'essor des jeux vidéo sur ordinateur personnel. Des jeux comme Pac-Man, Space Invaders, Tetris et SimCity ont connu un immense succès et ont contribué à populariser l'utilisation des ordinateurs auprès du grand public, en particulier des jeunes. L'industrie du jeu vidéo sur PC a continué de croître depuis lors, devenant un secteur économique majeur.

Cette décennie a donc été cruciale pour l'histoire de l'informatique, avec l'avènement de l'ordinateur personnel, l'introduction des interfaces graphiques et de la souris, et l'essor des logiciels et des jeux vidéo. Ces innovations ont transformé l'ordinateur en un outil accessible à tous, ouvrant la voie à l'ère numérique que nous connaissons aujourd'hui.

V. L'ère d'Internet et du World Wide Web (années 1990)

Les années 1990 ont été marquées par une expansion spectaculaire d'Internet et l'avènement du World Wide Web, transformant radicalement la manière dont les gens communiquent, accèdent à l'information et font du commerce.

La démocratisation d'Internet et du Web :

De ARPANET à Internet

ARPANET, le réseau expérimental créé dans les années 1960, a progressivement évolué pour devenir Internet. L'adoption du protocole TCP/IP, standardisant la communication entre les réseaux, a été un facteur clé de cette transition. Dans les années 1990, la levée des restrictions sur l'utilisation commerciale d'Internet a ouvert la voie à sa démocratisation auprès du grand public.

L'invention du World Wide Web

Max Braun, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons
Plaque commémorant la création du World Wide Web dans les locaux du CERN.
World Wide Web (WWW)

En 1989, Tim Berners-Lee, chercheur au CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire), a inventé le World Wide Web (WWW), un système hypertexte permettant de naviguer entre des documents interconnectés grâce à des liens. Le WWW repose sur trois technologies fondamentales :

➔ Le HTML (HyperText Markup Language) : Un langage de balisage pour créer des pages web.

➔ Le HTTP (HyperText Transfer Protocol) : Un protocole de communication pour transférer les pages web entre les serveurs et les clients (navigateurs).

➔ Les URL (Uniform Resource Locators) : Des adresses web uniques pour identifier chaque ressource sur le Web.

L'ouverture du Web au public

En 1991, le CERN a mis le code source du WWW à disposition du public, ce qui a permis son adoption rapide et son développement exponentiel. Cette décision a été cruciale pour la démocratisation du Web, en le rendant accessible à tous et en encourageant l'innovation.

L'apparition des navigateurs web (Mosaic, Netscape)

Les premiers navigateurs

Au début des années 1990, l'accès au Web était encore complexe et nécessitait des outils textuels. L'apparition des navigateurs web graphiques a rendu la navigation beaucoup plus conviviale et intuitive.

Mosaic

Charles Severance, CC0, via Wikimedia Commons
Capture d'écran de NCSA Mosaic pour X
Navigateur Mosaic

Développé au National Center for Supercomputing Applications (NCSA), Mosaic est considéré comme le premier navigateur web graphique largement diffusé. Son interface simple et intuitive a contribué à populariser le Web auprès du grand public.

Netscape Navigator

Suite au succès de Mosaic, Marc Andreessen, l'un des développeurs de Mosaic, a cofondé Netscape Communications Corporation et a lancé Netscape Navigator en 1994. Netscape Navigator est rapidement devenu le navigateur web dominant, grâce à ses fonctionnalités avancées et à son interface conviviale. La « guerre des navigateurs » entre Netscape et Internet Explorer (de Microsoft) a ensuite marqué la fin des années 1990.

Le développement du commerce en ligne et des moteurs de recherche

Le commerce en ligne

L'avènement du Web a ouvert de nouvelles perspectives pour le commerce. Les premières plateformes de commerce en ligne, comme Amazon (lancée en 1994) et eBay (lancée en 1995), ont permis aux entreprises de vendre leurs produits directement aux consommateurs via Internet. Le commerce en ligne a connu une croissance rapide et a transformé les habitudes d'achat des consommateurs.

Les moteurs de recherche

Avec l'explosion du nombre de pages web, il est devenu essentiel de disposer d'outils pour trouver l'information sur le Web. Les premiers moteurs de recherche, comme Yahoo! (fondé en 1994) et AltaVista, ont permis d'indexer et de classer les pages web, facilitant ainsi la recherche d'information. Google, fondé en 1998, a ensuite révolutionné le domaine des moteurs de recherche grâce à son algorithme PageRank, qui prend en compte la popularité des pages web pour les classer dans les résultats de recherche.

Les années 1990 ont donc été une décennie charnière pour Internet et le Web, avec leur démocratisation auprès du grand public, l'apparition des navigateurs web graphiques et le développement du commerce en ligne et des moteurs de recherche. Ces innovations ont posé les bases de l'économie numérique et ont transformé notre manière de vivre, de communiquer et de travailler.

VI. L'ère du numérique mobile et du cloud computing (années 2000-aujourd'hui)

Cette période est caractérisée par la convergence de plusieurs technologies clés : l'essor des appareils mobiles, le développement du cloud computing, l'explosion des données (Big Data) et l'avènement de l'Internet des objets (IoT). Ces éléments ont profondément transformé notre façon de vivre, de travailler et d'interagir avec le monde.

L'essor des smartphones et des tablettes :

L'arrivée des smartphones

Bien que les premiers téléphones intelligents existent depuis les années 1990, c'est l'arrivée de l'iPhone d'Apple en 2007 qui a véritablement révolutionné le marché. L'iPhone, avec son interface tactile intuitive, son App Store et son accès facile à Internet, a popularisé le concept du smartphone auprès du grand public. L'émergence d'Android, le système d'exploitation mobile de Google, a ensuite contribué à une adoption massive des smartphones à travers le monde. Les smartphones sont devenus de véritables ordinateurs de poche, offrant une multitude de fonctionnalités : navigation web, messagerie, applications mobiles, photographie, vidéo, GPS, etc.

L'essor des tablettes

Les tablettes tactiles, popularisées par l'iPad d'Apple en 2010, ont offert une nouvelle façon d'interagir avec les contenus numériques, grâce à leur grand écran tactile et à leur portabilité. Elles sont devenues des outils populaires pour la consommation de médias, la lecture, les jeux et certaines tâches professionnelles.

Le développement du cloud computing et des services en ligne

Le cloud computing

Le cloud computing consiste à stocker et à accéder à des données et des applications via Internet, plutôt que sur un ordinateur local ou un serveur physique. Cette approche offre de nombreux avantages : accessibilité depuis n'importe quel appareil connecté, scalabilité (possibilité d'adapter les ressources informatiques aux besoins), réduction des coûts d'infrastructure, maintenance simplifiée, etc. On distingue différents modèles de cloud computing :

➔ IaaS (Infrastructure as a Service) : Fourniture d'infrastructures informatiques virtualisées (serveurs, stockage, réseaux). Exemples : Amazon Web Services (AWS), Microsoft Azure, Google Cloud Platform.

➔ PaaS (Platform as a Service) : Fourniture d'une plateforme de développement et de déploiement d'applications. Exemples : Google App Engine, Heroku.

➔ SaaS (Software as a Service) : Fourniture d'applications logicielles accessibles en ligne. Exemples : Salesforce, Microsoft Office 365, Google Workspace.

Les services en ligne

L'essor du cloud computing a favorisé le développement d'une multitude de services en ligne, tels que :

➔ Les réseaux sociaux : Facebook, Twitter, Instagram, etc., qui permettent aux gens de se connecter, de partager du contenu et de communiquer.

➔ Les plateformes de streaming : Netflix, Spotify, YouTube, etc., qui offrent un accès à la demande à des films, des séries, de la musique et des vidéos.

➔ Les services de stockage en ligne : Dropbox, Google Drive, iCloud, etc., qui permettent de stocker et de synchroniser des fichiers dans le cloud.

L'intelligence artificielle, le Big Data et l'Internet des objets

L'intelligence artificielle (IA)

L'IA vise à créer des machines capables de simuler l'intelligence humaine, en réalisant des tâches telles que la reconnaissance vocale, la vision par ordinateur, la traduction automatique, la prise de décision, etc. Les avancées récentes en apprentissage automatique (machine learning) et en apprentissage profond (deep learning), grâce à la puissance de calcul accrue et à la disponibilité de grandes quantités de données, ont permis des progrès considérables dans le domaine de l'IA.

Le Big Data

Le Big Data désigne les ensembles de données massifs et complexes qui ne peuvent pas être traités par les outils traditionnels de gestion de données. L'analyse du Big Data permet d'extraire des informations précieuses et de prendre des décisions éclairées dans de nombreux domaines : marketing, finance, santé, recherche scientifique, etc.

L'Internet des objets (IoT)

L'IoT désigne l'interconnexion d'objets physiques à Internet, permettant la collecte et l'échange de données. Les objets connectés (montres intelligentes, thermostats connectés, appareils électroménagers intelligents, etc.) collectent des données sur leur environnement et sur leur utilisation, ce qui permet d'améliorer leur fonctionnement, d'automatiser des tâches et de créer de nouveaux services.

Cette période est donc marquée par une transformation numérique profonde, avec l'omniprésence des appareils mobiles, le développement du cloud computing, l'explosion des données et l'avènement de l'Internet des objets. Ces technologies continuent d'évoluer rapidement et de façonner notre monde.